Pour une reconnaissance des agrumes dans le compost !

28/05/2021 | Biodéchets Communication Point de vue
Agrumes
Il est de ces choses qui traversent le temps. Qui n’a pas entendu cette phrase : « on m’a toujours dit qu’il ne fallait pas mettre les agrumes au compost ». L’acidité ? Le dureté de dégradation de la peau ? Pourquoi tant de ? La méconnaissance amène donc à démontrer. Le test engagé permettra d’avoir une base de réponse.

L’expérience a pour but de « fabriquer un compost exclusivement d’agrumes » afin de comprendre la transformation des agrumes spécifiquement, de mesurer le pH d’un compost en fin de maturation et d’observer les différences avec un compost classique. En utilisant bien sûr la même méthodologie : respecter au mieux le rapport C/N, contrôle de l’humidité, contrôle de l’aération, brassage, retournement et contrôle de la T°. Cette expérience a été menée à partir de novembre 2020.

Agrumes au compost> Mise en place de l’expérience

Environ 150 kg d’agrumes provenant de la fin des distributions alimentaires du secours populaire et de Saint Vincent de Paul, à Niort (dans les Deux-Sèvres, 79) ont permis de réaliser ce test. La récupération et le montage du composteur s’est fait sur un mois environ (apport d’agrumes de 20 à 50 kg par semaine).
Un premier test a été fait sur le pH des agrumes avant compostage : effectivement c’est acide !

La matière sèche utilisée a été surtout de la vieille paille (75%) et du broyat. L’apport s’est échelonné sur un bon mois avec 2/3 agrumes (oranges, citrons, pamplemousse…) et 1/3 de matière sèche.


> Étude des étapes de la décomposition

Une montée de température a été observée lors de la phase d’oxydation (35°). Pendant les deux premiers mois, deux retournements ont été réalisés. Toute la phase d’oxydation s’est faite en tas. La phase de maturation s’est réalisée dans un composteur individuel de 300L.
Un premier test de pH de la matière s’est fait au bout de trois mois. Les valeurs se trouvant déjà entre pH 6 et 7 que ce soit avec un pH bandelette ou pH liquide d’aquarium.
De plus dès trois mois on peut constater la présence de vers eisenia en nombre et avec des pontes. La température s’étant maintenue au dessus de 20° assez durablement.
Un dernier transvasement a été effectué au bout du 5ème mois afin de permettre une bonne aération sur l’ensemble du compost.

Vie du compost


> Résultat de l’expérience

Finalement, au mois d’avril un dernier test de pH a été réalisé et le résultat s’est trouvé proche de 7. Il est certain qu’un test avec un pH mètre électronique serait beaucoup plus fiable.
Néanmoins les tests de germination démontrent bien que si l’acidité (proche de pH 6,5) existe encore, elle n’a pas de rôle négatif. Un test du cresson montre que le compost est mûr. Et le test du radis réalisé conjointement montre que la levée est uniforme que ce soit du côté du cresson ou du radis.
Des rempotages de choux et de tomates avec l’utilisation exclusive de compost se révèlent satisfaisants eux aussi.
De même, des tests de germination sont réalisés en ce moment sur des salades, des haricots, des capucines… et tout se passe bien ! Mission accomplie ! Acidité neutralisée !

Tests pH et semis


Il ne s’agit que d’une expérience, mais on a pu observer les mêmes activités que dans un compost classique : une montée de température (donc activité bactérienne), un travail des champignons (présence de moisissure) et travail des vers (et pontes). Alors imaginons au quotidien pour un foyer de trois personnes dont la consommation annuelle est d’environ 11 kg. Le reste qui va au compost est de moins 1 kg par an et tout cela avec un minimum de jus. Alors… La maison du compost à Strasbourg a réalisé un test analogue et tout converge vers ce qui est une évidence : rien ne se perd, rien ne se crée, mais tout se transforme. CQFD.

Tamisage



- Franck Jacopin, Maître-Composteur et animateur des Jardins Pluriels Vent d’Ouest, Niort (79) -